Le PER : bientôt clôturé automatiquement à l’âge de la retraite ?
4 min. de lecture
Sommaire
Le PER, un produit d’épargne flexible aujourd’hui remis en questionUne réforme pour limiter l’optimisation fiscaleUn changement radical par rapport au régime actuelDes répercussions importantes pour les épargnantsUne décision motivée par le contexte budgétaireUn texte encore incertainUn tournant pour la fiscalité de l’épargnePourquoi il devient urgent d’ouvrir un PER avant la réformeLa commission des finances de l’Assemblée nationale a récemment adopté un amendement au projet de loi de finances pour 2026 qui pourrait profondément modifier le fonctionnement du Plan d’Épargne Retraite (PER). Si ce texte venait à être confirmé, il rendrait obligatoire la liquidation du PER dès que le titulaire atteint l’âge légal de départ à la retraite. Une mesure qui remet en cause l’un des atouts majeurs du dispositif : sa souplesse dans le temps.
Le PER, un produit d’épargne flexible aujourd’hui remis en question
Jusqu’à présent, le PER se distinguait par une grande liberté d’utilisation. Les épargnants pouvaient ouvrir ou conserver leur plan sans limite de durée, même après avoir liquidé leurs droits à la retraite. Certains l’utilisaient ainsi comme outil de transmission patrimoniale, profitant d’une fiscalité avantageuse : les versements effectués sur le plan étaient déductibles du revenu imposable, et en cas de décès, le capital transmis n’était pas soumis à l’impôt sur le revenu.
Concrètement, un PER pouvait être maintenu pendant des années après la retraite, permettant au titulaire de faire fructifier son capital dans un cadre fiscal privilégié. En cas de décès, les héritiers bénéficiaient d’un capital ayant échappé à toute imposition, ce qui équivalait à une exonération totale sur des sommes pourtant défiscalisées à l’origine.
Cette particularité, dénoncée par plusieurs parlementaires et par la Cour des comptes, est désormais perçue comme une forme d’optimisation fiscale qui détournerait le PER de son objectif initial : constituer une épargne spécifiquement destinée à la retraite.
Accessible à partir de
Frais de sortie
Frais d'entrée
Jusqu'à
net annuel*
Une réforme pour limiter l’optimisation fiscale
L’amendement adopté prévoit donc que tout PER devra être liquidé dès l’atteinte de l’âge de la retraite. En d’autres termes, les épargnants ne pourraient plus garder leur plan au-delà de cette échéance, ni en ouvrir un nouveau une fois retraités.
Cette liquidation forcée aurait pour but de rendre le dispositif plus conforme à son esprit d’origine, en empêchant qu’il soit utilisé comme un instrument de transmission de patrimoine défiscalisé. Les députés à l’origine de la mesure soulignent que le choix s’imposait entre deux solutions : soit taxer le capital transmis au décès du titulaire, soit imposer la clôture automatique du plan à la retraite. C’est cette seconde option qui a été retenue, jugée plus claire et plus simple à appliquer.
Un changement radical par rapport au régime actuel
Jusqu’ici, le PER offrait une liberté de gestion totale dans le temps. L’épargnant décidait lui-même du moment de la liquidation : il pouvait attendre plusieurs années après sa retraite pour débloquer son capital ou le transformer en rente. Cette souplesse lui permettait d’adapter sa stratégie à sa situation fiscale et patrimoniale.
Avec la réforme envisagée, cette liberté disparaîtrait. La liquidation deviendrait automatique dès la retraite, ce qui contraindrait les épargnants à choisir une sortie en capital ou en rente au moment même où ils liquident leurs droits.
De plus, la transmission au décès serait profondément modifiée. Actuellement, les sommes placées sur un PER peuvent être transmises sans impôt sur le revenu, ce qui constitue un avantage considérable. Après la réforme, cette possibilité serait supprimée ou fortement encadrée, afin de mettre fin à une défiscalisation considérée comme injustifiée.
Enfin, la philosophie fiscale du produit serait elle aussi transformée. Là où le PER permettait jusqu’à présent une optimisation fiscale différée, il redeviendrait un outil de préparation de la retraite strictement limité à cet objectif.
Des répercussions importantes pour les épargnants
Si la mesure entre en vigueur, les conséquences seront multiples. D’abord, les épargnants devront anticiper la liquidation de leur PER et revoir leur stratégie patrimoniale. Une sortie imposée à un moment précis, sans possibilité de la différer, risque d’entraîner une imposition concentrée sur une seule année, notamment pour ceux qui optent pour une sortie en capital.
Cette situation pourrait augmenter le montant des impôts à payer, en particulier pour les contribuables aux revenus élevés. En revanche, ceux qui privilégient la sortie en rente pourraient bénéficier d’une fiscalité plus étalée, mais perdraient la flexibilité d’un capital disponible librement.
Les conseillers en gestion de patrimoine, de leur côté, soulignent que cette réforme pourrait réduire l’attrait du PERface à d’autres supports d’épargne comme l’assurance-vie, qui reste plus souple dans sa gestion et dans sa transmission. L’obligation de clôture risquerait donc de freiner les nouvelles souscriptions, surtout chez les épargnants aisés recherchant des solutions de capitalisation à long terme.
Une décision motivée par le contexte budgétaire
Cette réforme s’inscrit dans un contexte de tension sur les finances publiques. Avec une dette dépassant 3 400 milliards d’euros et un déficit toujours élevé, l’État cherche à réduire les niches fiscales et à mieux encadrer les avantages jugés trop généreux. Le PER, par sa fiscalité doublement favorable (déduction à l’entrée et exonération au décès), est apparu comme une cible logique.
Les rapporteurs parlementaires, notamment Charles de Courson et Félicie Gérard, avaient déjà souligné en 2024 que le PER était devenu « un produit d’épargne à vie » détourné de son but premier. La Cour des comptes a elle aussi recommandé d’en réviser les conditions d’imposition et de liquidation. L’amendement actuel répond donc à ces constats, tout en cherchant à préserver le principe de l’épargne retraite.
Un texte encore incertain
Il est important de noter que cette mesure n’en est qu’à un stade préliminaire. Adoptée en commission, elle devra encore être débattue en séance publique dans l’Hémicycle. Le gouvernement pourra la modifier, la nuancer ou la rejeter selon les arbitrages politiques et les retours des acteurs du secteur financier.
Certaines voix appellent déjà à une application progressive, voire à un effet “grand-père”, c’est-à-dire une limitation de la réforme aux nouveaux contrats ouverts après son adoption. Cela permettrait d’éviter de pénaliser les épargnants ayant constitué leur PER dans le cadre juridique antérieur.
Un tournant pour la fiscalité de l’épargne
Si elle venait à être confirmée, l’obligation de liquidation du PER à la retraite marquerait un changement majeur dans la fiscalité de l’épargne française. Elle traduirait la volonté du législateur de réaffirmer la vocation du PER comme un produit exclusivement dédié à la préparation de la retraite, et non comme un véhicule patrimonial de transmission.
Cependant, cette orientation soulève de nombreuses interrogations. Les épargnants devront repenser leurs stratégies de sortie, les conseillers devront adapter leurs recommandations, et les assureurs pourraient être amenés à repenser la structure de leurs contrats.
En somme, la réforme du PER illustre une tension classique entre justice fiscale et stimulation de l’épargne longue. Si le gouvernement cherche à mieux encadrer un dispositif jugé trop permissif, il devra veiller à ne pas décourager la constitution d’un capital retraite — un enjeu crucial à l’heure où la durée de vie s’allonge et où les pensions tendent à se réduire.
Pourquoi il devient urgent d’ouvrir un PER avant la réforme
Face à cette perspective, ouvrir un PER dès maintenant pourrait s’avérer particulièrement stratégique. Tant que la réforme n’est pas définitivement adoptée, les épargnants continuent de bénéficier du cadre fiscal actuel, qui reste l’un des plus avantageux en matière d’épargne retraite. En souscrivant avant l’entrée en vigueur de la loi, il est probable que votre contrat soit protégé par un effet de « droit acquis » : autrement dit, les nouvelles restrictions ne s’appliqueraient qu’aux PER ouverts après la réforme.
Cela permettrait de verrouiller les avantages existants, notamment la liberté de conserver le plan après la retraite, la souplesse dans le choix du moment de liquidation, et la transmission fiscalement optimisée en cas de décès.
Dans un contexte où la fiscalité de l’épargne évolue rapidement, il s’agit donc d’un moment clé pour sécuriser les conditions actuelles et profiter d’un cadre fiscal qui pourrait bientôt disparaître. Anticiper, c’est non seulement protéger son épargne, mais aussi préserver une flexibilité patrimoniale que la réforme menace de restreindre durablement.
Calculez votre économie
Aucun investissement n’est garanti sans risques. Chaque investissement comporte des risques spécifiques (fluctuations des marchés financiers, risque de change, risque de liquidité, risque de perte en capital partielle ou totale, risques liés au marché immobilier – liste non exhaustive).
Chaque investissement a une durée de détention recommandée ; l’attention de l’investisseur est attirée sur le fait de bien vérifier l’adéquation de cette durée avec ses objectifs et sa situation.
Le traitement fiscal dépend de la situation individuelle de chaque client et est susceptible d'être modifié ultérieurement. Les avantages fiscaux ne doivent pas constituer la seule motivation d’un investissement.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.